Ce départ fragilise la coalition gouvernementale dirigée par la chancelière, dont le parti est lui-même en difficulté. Avant elle, la dirigeante du CDU, Annegret Kramp-Karrenbauer a assuré que «la coalition n’était pas menacée».
Angela Merkel a convoqué la presse dimanche après-midi à la suite de la démission de la cheffe des sociaux-démocrates en réaction à la débâcle aux européennes, un départ qui fragilise encore la coalition gouvernementale dirigée par la chancelière, dont le parti est lui-même en difficulté.
Andrea Nahles cristallisait les critiques depuis le revers du SPD aux Européennes: largement devancé par des Verts à plus de 20%, le parti de centre-gauche n’a recueilli que 15% des votes, son plus bas niveau historique. «Les discussions au sein du groupe parlementaire et les nombreuses réactions du parti m’ont montré que je n’ai plus le soutien nécessaire à l’exercice de mes fonctions», a déclaré Mme Nahles dans un communiqué.
La coalition menacée
Le départ de Nahles, malmenée en interne depuis sa prise de fonction il y a un an par des frondeurs partisans d’une sortie de la coalition au pouvoir, pourrait donc accélérer, par effet domino, la décomposition du gouvernement. Inquiet, le Parti chrétien-démocrate (CDU) au pouvoir est à la manœuvre pour maintenir son partenaire junior dans son giron. La chancelière Angela Merkel s’exprimera «sur les derniers développements» politiques dimanche à 15h30 GMT au QG du parti à Berlin. La dirigeante du parti, Annegret Kramp-Karrenbauer (surnommée «AKK»), a assuré que «la capacité d’action de la Grande Coalition n’est pas menacée» et que le CDU souhaite «continuer avec la grande coalition».
Dans le camp du SPD, on réfléchit de plus en plus sérieusement à quitter l’alliance formée avec la CDU d’Angela Merkel, au risque de provoquer des élections anticipées et un départ prématuré de la chancelière, dont le mandat s’achève en 2021. La coalition gouvernementale, la «GroKo» formée dans la douleur début 2018 avec un SPD récalcitrant et qui navigue depuis de crise en crise, semble donc plus menacée que jamais.
Du côté de la CDU, Annegret Kramp-Karrenbauer est aussi en difficulté depuis les élections européennes où les chrétiens-démocrates sont arrivés en tête, mais avec un score historiquement bas. AKK, qui a aussi multiplié les faux pas, s’aliénant notamment d’influents YouTubeurs, se retrouve contestée en interne, un an après avoir succédé à Angela Merkel à la tête du parti. CDU et SPD creusent leurs différences sur le fond depuis des mois, problème auquel s’ajoute leur incapacité à s’entendre sur un thème devenu stratégique: la lutte contre le changement climatique, un domaine où l’Allemagne est à la traîne et devenu cher aux électeurs, comme l’illustre le récent très bon score des Verts.
Source: Le Figaro avec AFP