Pékin a décidé d’augmenter son budget militaire pour l’année 2023. Il passe ainsi à 1553,7 milliards de yuans, soit 225 milliards de dollars. Cela fait du budget militaire chinois le deuxième plus important du monde, après celui des États-Unis, plus de trois fois supérieur.
La Chine a annoncé, dimanche 5 mars, un budget de la Défense 2023 en hausse, dans un contexte de méfiance de ses voisins asiatiques, des États-Unis et même désormais de l’Otan face à sa montée en puissance.
L’augmentation, la plus forte depuis 2019, sera de 7,2 %, une légère accélération par rapport à l’an passé (+7,1 %), selon un rapport du ministère des Finances publié lors de la session annuelle du Parlement. La Chine va dépenser 1553,7 milliards de yuans (225 milliards de dollars) pour sa défense. Cela en fait le deuxième budget militaire mondial derrière celui des États-Unis – environ trois fois supérieur.
Le scepticisme entoure toutefois les chiffres chinois. “Une grande partie de ses recherches militaires, telles que les missiles, la cyberdéfense, etc. ne sont pas incluses dans ses dépenses militaires, mais considérées comme de la recherche et du développement civils”, déclare à l’AFP Niklas Swanström, directeur de l’Institute for Security and Development Policy, à Stockholm.
Méfiance des pays voisins
L’augmentation du budget chinois de la Défense reste en dessous des 10 % pour la huitième année consécutive. Mais elle suscite la méfiance des pays voisins ayant des contentieux territoriaux avec la Chine.
C’est notamment le cas de l’Inde (des escarmouches éclatent parfois le long de leur frontière contestée dans l’Himalaya), du Japon (pour le contrôle des îles Diaoyu/Senkaku) et des Philippines (des incidents surviennent régulièrement autour de la souveraineté d’îles en mer de Chine méridionale).
Les Occidentaux également se disent inquiets. De hauts responsables américains ont récemment accusé la Chine de vouloir envahir d’ici quelques années Taïwan, île qu’elle revendique, ou encore d’avoir une “flotte” de ballons militaires espionnant le monde entier.
“Défi”
Même l’Otan, traditionnellement centrée sur l’Europe, juge depuis l’an passé le géant asiatique comme un “défi” pour les “intérêts” des pays de l’Alliance.
La Chine se défend en présentant son armée comme purement “défensive” et souligne qu’elle n’a qu’une base militaire à l’étranger (à Djibouti) – contre plusieurs centaines pour les États-Unis.
En outre, ses dépenses militaires tournent en dessous de 2 % de son PIB, face à environ 3 % pour Washington.
Mais comment la Chine utilise cet argent? “Il sert à augmenter les salaires des troupes, financer de meilleures conditions d’entraînement et obtenir des équipements plus avancés”, souligne James Char, expert de l’armée chinoise à l’Université de technologie de Nanyang, à Singapour. En outre, “la Chine investit dans sa capacité à prendre le contrôle de Taïwan et à maintenir les États-Unis hors de la région”, note Niklas Swanström.
Les incursions d’avions militaires chinois dans la zone d’identification de défense aérienne (Adiz) de Taïwan ont ainsi presque doublé l’an passé car Pékin a accentué sa pression sur l’île.
La Chine, elle, dénonce l’envoi par les États-Unis de navires et avions militaires dans la région pour y contester les prétentions chinoises et s’inquiète du renforcement ces derniers mois par Washington de sa coopération militaire avec l’Australie, le Japon, les Philippines et Taïwan.
D’autres pays de la région augmentent aussi leurs budgets militaires
“L’Asie du Nord-Est est le théâtre d’une course aux armements et le renforcement chinois en constitue le moteur”, estime Niklas Swanström.
D’autres pays de la région ont ainsi augmenté leurs budgets militaires pour 2023, comme la Corée du Sud (+4,4 %) et l’Inde (+13 %). Le Japon, lui, vient de réviser sa doctrine de défense et entend doubler son budget de la Défense, à 2 % du PIB d’ici 2027, en réponse notamment à la Chine.
“La Chine représente un défi pour l’Occident et l’ordre international tel que dirigé par les États-Unis” depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, note James Char. “Mais sur le plan militaire – du moins à court et moyen terme – il est certain (qu’elle) n’est pas disposée à contester le statut de Washington comme puissance militaire mondiale numéro un” et l’armée chinoise “continuera probablement de mener des opérations militaires en deçà du seuil de la guerre”, souligne-t-il.
Selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), les États-Unis sont le pays ayant les dépenses militaires les plus élevées, avec 801 milliards de dollars en 2021, selon les derniers chiffres disponibles. Suivent dans l’ordre la Chine (293), l’Inde (76,6), le Royaume-Uni (68,4), la Russie (65,9) et la France (56,6).
Source: www.france24.com