Par Smartencyclopedia et les Agences
La justice française a délivré des mandats d’arrêt mercredi contre le président syrien Bachar al-Assad et son frère Maher al-Assad, ainsi que deux autres hauts responsables syriens, pour leur rôle dans les attaques aux armes chimiques à Ghouta orientale et Douma en 2013, qui ont fait plus de 1 000 morts.
La décision du magistrat français marque la première fois qu’un mandat d’arrêt est émis à l’encontre du président syrien, depuis longtemps accusé de superviser un régime responsable de nombreux crimes de guerre contre son propre peuple depuis la révolution syrienne de 2011.
Les deux autres mandats d’arrêt ont été émis à l’encontre du général Ghassan Abbas, responsable d’une branche du Centre d’études et de recherches scientifiques (CERS) où sont fabriquées les armes chimiques, et du général Bassam al-Hassan, conseiller présidentiel qui coordonne avec le CERS.
“La délivrance par la justice française de mandats d’arrêt contre le chef de l’État, Bachar al-Assad, et ses associés constitue un précédent judiciaire historique. C’est une nouvelle victoire pour les victimes, leurs familles et les survivants, et une étape sur la voie de la justice et de la paix durable en Syrie”, a déclaré l’avocat Mazen Darwish, fondateur et directeur général du Centre syrien pour les médias et la liberté d’expression (SCM).
Le régime syrien a été accusé d’avoir utilisé du gaz chloré à plusieurs reprises avant les attaques de Ghouta orientale et de Douma, mais l’ampleur des décès lors de ces dernières attaques a suscité l’horreur internationale.
Les vidéos des attaques montrent des enfants suffoquant et mousseux à la bouche, ainsi que la mort de centaines de civils.
La commission de l’ONU sur la Syrie a conclu l’année suivante que “des quantités importantes de gaz sarin ont été utilisées dans une attaque indiscriminée bien planifiée” et que les armes provenaient du “stock de l’armée syrienne”.
Le Réseau syrien pour les droits de l’homme (SNHR) a documenté un total de 222 attaques aux armes chimiques entre 2012 et 2023, dont 98 % ont été perpétrées par le régime syrien.
Les mandats d’arrêt de mercredi ont été émis en vertu du principe de compétence universelle, qui permet aux tribunaux de poursuivre les crimes de guerre internationaux même s’ils ont été commis sur un territoire étranger.
Les principes de compétence universelle ont conduit à la mise en accusation de plusieurs hauts responsables du régime syrien, dont le chef du renseignement Ali Mamlouk, accusé de crimes contre l’humanité.
En France seule, sept mandats d’arrêt différents ont été émis contre sept autres hauts responsables du régime syrien.
Les mandats d’arrêt ne sont pas applicables en Syrie, mais pourraient être exécutés si l’un des quatre responsables entrait en France.
Depuis le début de la révolution syrienne en 2011, 230 224 civils syriens sont morts, le régime syrien étant responsable de plus de 200 000 de ces décès, selon le SNHR.
En octobre 2023, la Commission indépendante des Nations unies sur la Syrie a déclaré que les hostilités dans le pays étaient à un “pic de quatre ans” et a appelé à un cessez-le-feu national.