La dissuasion nucléaire française doit être opérationnelle en permanence. Un ou deux sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE-NG) sont donc toujours en patrouille, pouvant lancer à tout moment une frappe nucléaire. Ici, le SNLE-NG « Le Terrible », en 2017. Photo d’illustration. | FRED TANNEAU / AFP
Par Smartencyclopedia avec les Agences
Le président français Emmanuel Macron a exprimé vendredi des doutes quant à l’efficacité d’un “bouclier anti-missile” européen contre la Russie, en appelant à une réflexion stratégique incluant la “dissuasion nucléaire” en Europe. Macron a déclaré que l’Europe est “le continent qui peut être touché demain par des missiles” de la Russie, laquelle “devient à nouveau une puissance décomplexée”, lors d’une visite à Strasbourg.
“Le débat soulevé par les Allemands, en particulier parce qu’ils n’ont pas de système de dissuasion nucléaire, est légitime”, a déclaré Macron, ajoutant qu’il n’est “pas certain qu’il existe un quelconque bouclier anti-missile qui protège totalement contre les missiles russes ou les dissuade”. Selon le président français, la solution pourrait être “un ensemble” comprenant “nos propres tirs de missiles à longue portée pour dissuader”, “avoir des boucliers, des dômes”, comme le propose l’Allemagne, “et intégrer la question de la dissuasion [nucléaire] dans cette réflexion”.
Macron a souligné la nécessité de mener une “réflexion stratégique” et de “clarifier le concept” avant d’examiner les “capacités” d’armement, soulignant une “légère différence” par rapport à l’approche allemande.
Dans son discours à l’université de la Sorbonne jeudi, Macron a exprimé son intention d’engager des discussions avec ses partenaires européens pour élaborer un “concept stratégique” pour une “défense européenne crédible”, envisageant la possibilité pour l’Europe d’avoir un bouclier européen de défense antimissile. “Cela (le bouclier de défense antimissile) sera-t-il suffisant pour contrer les missiles russes ?”, a déclaré Emmanuel Macron.
Il a souligné que la Russie est de plus en plus agressive et dispose de “capacités balistiques (…) dont la portée et la technologie ont évolué, des armes nucléaires et des capacités croissantes”, ce qui nécessite des mesures. “Il est évident que nous devons construire ce concept stratégique de défense européenne crédible pour nous-mêmes.”
L’objectif est que l’Europe, que Macron estime être “morte”, soit capable de se défendre, “avec ses alliés lorsqu’ils seront prêts à le faire, et seule si nécessaire”. La dissuasion nucléaire de la France est “un élément essentiel de la défense du continent européen”, a-t-il ajouté.
L’Allemagne a lancé l’initiative du bouclier anti-missile européen “Euro Sky Shield” en octobre 2022, à laquelle Paris s’est opposé, tout comme l’Italie et la Pologne. Jusqu’à présent, Berlin a rassemblé une vingtaine d’autres pays européens autour de cette initiative, qui bénéficiera de technologies américaines, israéliennes et allemandes, mais n’inclura aucun équipement de fabrication française.
Dans son discours à la Sorbonne, le président français a également souligné que les Européens ne peuvent pas compter uniquement sur le soutien des États-Unis pour leur défense, car pour Washington, “ce n’est pas la priorité”. Sans aller jusqu’à demander la création d’une armée européenne, il a plaidé en faveur d’une “intimité stratégique” dans le domaine militaire entre les États membres de l’UE.
Macron a également souligné la nécessité “d’augmenter les dépenses de défense”, proposant un emprunt européen pour financer l’effort de défense, ainsi que l’application “de la préférence européenne dans l’achat de matériel militaire”, et d’accélérer l’intégration des armées face à des menaces telles que la Russie, avec laquelle les tensions ont récemment augmenté en raison du soutien de la France à l’Ukraine.
La France est le seul pays de l’Union européenne à posséder des armes nucléaires. En janvier, lors d’une visite en Suède, Emmanuel Macron a réaffirmé que son pays a “une responsabilité particulière” à cet égard, notamment parce que les “intérêts vitaux” français qui peuvent être défendus par cette dissuasion nucléaire “sont en partie, essentiellement européens”.