Par José Carlos Palma*
La réponse réside dans la nature de la guerre russo-ukrainienne, qui n’est pas une guerre de conquête classique pour la Russie, mais plutôt une guerre d’endiguement de l’occidentalisation de l’Ukraine, prolongeant ainsi la dynamique de la guerre froide.
Pendant la guerre froide, l’Ukraine faisait partie intégrante de l’URSS. Cependant, avec l’effondrement de l’URSS en 1991, l’Ukraine a proclamé son indépendance. Cette période de transition a laissé une minorité de la population ukrainienne, notamment dans les régions de l’est, profondément attachée à la Russie. Les mémorandums de Budapest (1994), signés par la Russie et l’Ukraine, garantissaient l’intégrité territoriale de l’Ukraine en échange de la remise de ses ogives nucléaires. Cependant, ce traité a été violé par la Russie plus tard, illustrant le non-respect de ses engagements.
La volonté de l’Ukraine de rejoindre l’OTAN a été un point de discorde majeur. La Russie perçoit cette adhésion comme une menace directe à son influence et à sa sécurité. En effet, l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN signifierait un alignement franc avec l’Occident et une perte d’influence majeure pour la Russie. Cette dynamique est une continuation des tensions de la guerre froide, où les sphères d’influence et le contrôle territorial étaient essentiels.
En 2013, les manifestations de l’Euromaïdan ont marqué un tournant. Des centaines de milliers d’Ukrainiens se sont rassemblés pour soutenir un rapprochement avec l’Union Européenne, symbolisant un rejet de l’influence russe. Ce mouvement pro-européen a été perçu par la Russie comme une menace à sa sphère d’influence traditionnelle.
Le conflit a véritablement débuté en 2014, lorsque la Russie a envahi et annexé la Crimée, suivie de l’éclatement de la guerre du Donbass dans l’est de l’Ukraine. Malgré les accords de Minsk visant à instaurer la paix, le conflit s’est poursuivi, exacerbant les tensions entre les deux nations. La reconnaissance par la Russie des républiques autoproclamées de Donetsk et de Lougansk en février 2022 a constitué une violation flagrante des accords de Minsk, précipitant l’invasion russe sous prétexte d’une « opération spéciale de dénazification et de démilitarisation ».
Le conflit russo-ukrainien est profondément enraciné dans les dynamiques historiques et géopolitiques. L’Ukraine, en cherchant à se détacher de l’influence russe et à se rapprocher de l’Occident, a déclenché une réaction violente de la part de la Russie, désireuse de maintenir son contrôle sur son « étranger proche ». Cette guerre complexe peut être vue à travers le prisme de la théorie du choc des civilisations de Samuel Huntington, illustrant la confrontation entre les civilisations russe et occidentale.
L’Ukraine n’a pas initié le conflit de manière active, mais son orientation pro-occidentale a précipité la guerre avec la Russie. Il est crucial d’avoir une compréhension nuancée de ce conflit, en reconnaissant les aspirations légitimes de l’Ukraine tout en tenant compte des dynamiques géopolitiques et historiques complexes qui sous-tendent cette guerre. Le futur de la région dépendra de la capacité des acteurs internationaux à naviguer ces tensions avec diplomatie et stratégie.
*Expert en relations internationales, telles que la politique étrangère, le commerce international, la sécurité intérieure, la sécurité internationale, les pays en développement et la sécurité intérieure, le renseignement et l’armée.